Dans les coulisses d’une confrérie sulfureuse
Mohammed Louzi
C’est un véritable réquisitoire contre les Frères Musulmans et leur entreprise d’islamisation globale que dresse Mohammed Louizi dans un ouvrage au titre provocateur, « Pourquoi j’ai quitté les Frères Musulmans, retour éclairé vers un Islam apolitique » paru en janvier dernier.
Il y retrace son parcours depuis sa naissance au Maroc en 1978, son embrigadement dans la Confrérie alors qu’il n’a que treize ans et le long chemin qui va le conduire à s’échapper à son emprise. Pourtant il se veut toujours musulman, mais autre.
D’emblée il annonce son programme . Il « invite à repenser l’Islam, non pas comme le définit l’islamisme, tel un projet divin totalitaire de domination des corps et des terres, de subordination des intelligences et des esprits et d’islamisation des espaces communs, mais plutôt, tel un récit pluriel d’une foi ouverte et pacifique…Islam simple éclairé, bienveillant, humaniste, citoyen et apolitique. »
L’auteur analyse de façon approfondie l’histoire des Frères Musulmans en s’attardant longuement sur l’Egypte où est né et s’est développé le mouvement et sur le Maroc où il s’est implanté après la seconde guerre mondiale et surtout après l’indépendance. Mais c’est essentiellement le présent qui le préoccupe. Il évoque la mise au point par les Frères en Egypte dans les années 90 d’un plan secret pour accéder au pouvoir. Appelé dans le texte original « Tamkine » le document est aujourd’hui le texte fondamental de l’action de la Confrérie en Europe.
Il insiste sur « l’éducation des jeunes et la formation des prochains cadres élites de la mouvance ; sur la nécessité d’établir des alliances pragmatiques avec de petits partis politiques pour pouvoir par la suite gagner en influence au parlement, dans les collectivités territoriales, les syndicats, les médias, les instances judiciaires ; l’armée, la police, les associations d’étudiants, auprès des hommes d’affaires et au sein des couches populaires. » Rien, on le voit, n’est laissé au hasard.
Un second document secret, publié en 2013 et attribué au bureau du Guide suprême de la Confrérie, alors au pouvoir en Egypte, divise le monde en quatre secteurs stratégiques : Occident, Afrique, un secteur regroupant le Yémen, le Golfe, l’Iran et l’Afghanistan et un autre englobant l’Irak, le Kurdistan, la Palestine et la Syrie. Et cela, nous dit Louizi, n’a rien de théorique.
La Fédération des Organisations islamiques en Europe, dont fait partie l’UOIF - Union des Organisations Islamiques de France – est selon lui le porte-étendard des Frères Musulmans en Europe. Face à ce danger, se lamente Louizi, la France ne sait pas se défendre. « Marianne croit offrir une place honorable à l’Islam, elle cède du terrain à l’islamisme… L’Islamisme avance, Marianne recule. Il sait se plaindre en victime coutumière. Elle lui octroie davantage de pouvoir. » Aussi dans un chapitre ambitieux intitulé « Contre le Tamkine, la république et la laïcité » l’auteur évoque diverses façons de faire front. « Un débat franc et contradictoire doit avoir lieu entre la République et l’Islamisme.
Entre le choix laïc forgé après tant de guerres et de souffrance et les projections du Tamkine qui compte remettre en cause tous les acquis de la république et de la laïcité. » Il y a quelque chose d’émouvant, presque de naïf dans ce cri du cœur. On ne peut que saluer le courage qu’il a fallu pour l’écrire. Et souligner que ce cri d’alarme d’un musulman sincère contre l’islamisme n’aurait jamais pu être publier dans un pays arabe….
Michelle Mazel è una scrittrice israeliana nata in Francia. Ha vissuto otto anni al Cairo quando il marito era Ambasciatore d’Israele in Egitto. Profonda conoscitrice del Medio Oriente, ha scritto “La Prostituée de Jericho”, “Le Kabyle de Jérusalem” non ancora tradotti in italiano. E' in uscita il nuovo volume della trilogia/spionaggio: “Le Cheikh de Hébron”. Le sue recensioni sono pubblicate sull’edizione settimanale in lingua francese del Jerusalem Post.