Michel Houellebecq
Soumission
Flammarion, Janvier 2015, 21euros
Une bien dérangeante soumission ou quand la fiction anticipe sur la réalité !
Michel Houellebecq, écrivain controversé et lauréat du Prix Goncourt 2010 pour La Carte et le Territoire présentait le 6 janvier dernier à la télévision son nouveau roman, « Soumission ». Une fiction politique audacieuse qui voit le candidat d’un parti musulman modéré, « La Fraternité Musulmane » élu au second tour de la présidentielle de 2022, la gauche et l’UMP ayant voté pour lui afin de barrer la route à Marine le Pen. Cette vision d'une France ayant choisi un président musulman pour ne pas élire le Front National est proprement apocalyptique. Rapidement l’Islam s’installe : les femmes sont vivement encouragées à rester au foyer, l’âge du mariage est abaissé et il devient licite d’avoir quatre épouses. Désormais seuls les convertis à l’Islam peuvent enseigner dans les universités.
Michel Houellebecq
Et le nouveau président ne fait pas mystère de sa volonté de devenir le premier président de l’Europe et de créer un grand empire islamique des deux côtés de la Méditerranée. La présentation du livre suscite le jour même de vivres réactions et l’auteur est taxé d’islamophobie et de pornographie. Seulement le lendemain même de cette interview, des terroristes se réclamant de l’Islam assassinent l’équipe de Charlie Hebdo et, plus tard, une fonctionnaire de police, et enfin des Juifs pris en otages dans l’Hyper Casher de Vincennes. Tandis que l’auteur, choqué, refuse de nouvelles interviews, « Soumission » s’arrache chez les libraires. Cet énorme succès ne désarme pas les critiques. Et pourtant c’est un ouvrage qui se lit avec beaucoup d’intérêt. Il y a d’abord la qualité de l’écriture. Ce n’est pas si courant aujourd’hui. Le héros ou plutôt le narrateur de l’histoire est un universitaire distingué et d’une grande culture mais un tant soit peu misogyne. Il parle en termes crus de sa vie sexuelle mais les enveloppe dans un langage élégant - rien à voir avec le déballage de l'affaire Carlton. Là n’est pas l’essentiel.
Il fait le récit des événements dont il est le témoin avec une sorte d’indifférence désabusée. A y regarder de plus près, ce n’est pas tant la mainmise de l’Islam sur la France qui est en cause, mais plutôt la complaisance avec laquelle les citoyens s’y soumettent que l’auteur expose avec une cruauté jubilatoire. Le nouveau régime s’impose en douceur. Inutile d’employer la force. La description d’une société française qui a perdu ses valeurs et qui ne sait plus très bien pourquoi et comment se battre sonne souvent juste. Il y a là surtout une charge féroce contre des partis et des hommes politiques prêts à toutes les compromissions. L’auteur ne se prive pas de nommer les uns comme les autres. L’université ne sort pas grandie de l’histoire. L’un de ses dirigeants, sur le point d’être nommé ministre des Affaires étrangères après s’être converti à l’Islam, s’épanche devant le narrateur : « C’est la soumission. L’idée renversante et simple….que le sommet du bonheur humain réside dans la soumission la plus absolue. » On peut faire confiance à Houellebecq pour ne pas en rester là : « Il y a pour moi, ajoute le dirigeant, un rapport entre l’absolue soumission de la femme à l’homme telle que le décrit Histoire d’O et la soumission de l’homme à Dieu telle que l’envisage l’Islam. »
Michelle Mazel è una scrittrice israeliana nata in Francia. Ha vissuto otto anni al Cairo quando il marito era Ambasciatore d’Israele in Egitto. Profonda conoscitrice del Medio Oriente, ha scritto “La Prostituée de Jericho”, “Le Kabyle de Jérusalem” non ancora tradotti in italiano. E' in uscita il nuovo volume della trilogia/spionaggio: “Le Cheikh de Hébron”. Le sue recensioni sono pubblicate sull’edizione settimanale in lingua francese del Jerusalem Post.