Alexandra Laignel-Lavastine
La pensée égarée. Islamisme, populisme, antisémitisme : essai sur les penchants suicidaires de l’Europe
Grasset, Mai 2015

Les Cassandres seront-elles entendues à temps?

Au Figaro qui lui demandait le 27 juin si elle avait été surprise par les sanglants attentats de la veille – Koweït, Tunisie, Isère - Alexandra Laignel-Lavastine répond sans détours : « C’est plutôt l’étonnement général qui me surprend…Jusqu’à présent les tenants du politiquement correct ont de loin préféré avoir tort avec les islamo-fascistes qu’avoir raison avec les réalistes. Et ce, au nom d’un antifascisme hors de saison….. Ce catéchisme binaire et rance qui remonte au tiers-mondiste des années 60 et qui consiste à opposer avec paresse un monde européen forcément coupable à un monde musulman ontologiquement innocent est tout à fait obsolète. »

Alexandra Laignel-Lavastine

Dans son essai au titre un peu rebutant paru en Avril 2015, Alexandra Laignel-Lavastine jetait en effet un cri d’alarme, « Oui nous sommes en guerre » et portait un jugement sévère sur une Europe qui ne sait plus se battre pour défendre ses valeurs et sur une France aux intellectuels fourvoyés incapable de gérer l’afflux des immigrants venus des terres de l’Islam et la montée du terrorisme islamique. L’ouvrage n’était pas encore terminé lorsque les sanglants attentats de janvier ont changé la donne, ce qui a amené l’auteure à le revoir à la hâte et à rédiger une introduction où elle déclare : « Il aura fallu que les nouveaux barbares ne tuent pas que des Juifs – à qui une partie de l’Europe manifestant contre Israël de l’été 2014 souhaitait la mort… pour qu’un éphémère sursaut se produise et que chacun se veuille, le temps d’une marche, le gardien de son frère. » Pour l’auteure, « Il était primordial d’enfin nommer l’ennemi, d’autant que la France et sa laïcité représentent une de ses cibles privilégiées. Il porte un nom : il s’appelle le djihadisme. »

Elle n’hésite pas à évoquer un problème de civilisation bien qu’elle s’avance un peu en affirmant que : « Plus personne ne peut nier que l’islamisme soit parti en guerre contre la civilisation tout court, contre la vie et la dignité humaine. » Pour elle il y a d’abord « une civilisation islamique malade, un monde en décomposition travaillé par des courants haineux et obscurantistes » Comment en est-on arrivé là ? Il y a eu d’une part les échecs du monde arabo-musulman, « océan de misère, de corruption, de dictatures, d’oppression, d’arriération sociale et d’analphabétisme.» Malheureusement ce monde refuse d’affronter la réalité de ses propres échecs et d’en assumer la responsabilité D’où l’idée que « c’est aux Juifs et à l’Occident qu’incomberait la raison de ce déclin. » Seulement en face il y a une « Europe crépusculaire… qui ne sait plus où elle en est ni sur quels principes elle repose, ni à quoi elle aspire… »

Cette Europe inquiète fait le lit de ce que l’auteure appelle les nationaux-populistes et l’apparition d’un « populisme patrimonial» qui mise sur « la crainte éprouvée par beaucoup d’Européens de voir simultanément remis en cause leur patrimoine matériel et leur patrimoine culturel … leur niveau de vie d’une part et de l’autre leur mode de vie. » D’où la conclusion désabusée qui termine l’interview au Figaro « A force d’accorder à l’islamisme la clause de l’idéologie totalitaire et massacreuse la plus excusée, on fait chaque jour la campagne de Marine Le Pen, laquelle pourrait, à ce rythme, partir à la plage jusqu’aux prochaines présidentielles ».

Michelle Mazel, scrittrice israeliana, nata in Francia. Ha vissuto otto anni al Cairo quando il marito era Ambasciatore d’Israele in Egitto. Profonda conoscitrice del Medio Oriente, ha scritto “La Prostituée de Jericho”, “Le Kabyle de Jérusalem” non ancora tradotti in italiano. E' in uscita il nuovo volume della trilogia/spionaggio: “Le Cheikh de Hébron”. Le sue recensioni sono pubblicate sull’edizione settimanale in lingua francese del Jerusalem Post.