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Emmanuel Navon- Nostalgia del Miluim 26/02/2010

La nostalgie des Milouim,
di Emmanuel Navon

(adapté par Danielle Elinor Guez)


Je n'aurais jamais pensé que ma dernière période de réserve militaire (Milouim en hébreu) me laisse nostalgique. Partir en Milouim signifie quitter sa famille et son travail pour une période d'un mois chaque année et rejoindre son unité de l'armée. Les taches typiques incluent : monter la garde au milieu de la nuit, tirer, aider à la cuisine, surveiller la frontière et nettoyer les toilettes. Et bien sûr ce modèle d'ordre très irritant « dépêche-toi et attends » : on vous tire du lit précipitamment à cinq heures du matin pour vous dire quelques minutes plus tard qu'il y a un contretemps dans le programme et que de nouvelles instructions vont arriver, à un moment quelconque de la journée, personne ne sait quand. Comme je viens d'avoir 39 ans et que j'étais dans une unité de combat, tout ça, c'est fini pour moi. N'est-ce pas une bonne nouvelle ? En réalité, c'est une perte.

Le système israélien de périodes de réserve est un cauchemar logistique pour l'armée et un événement qui perturbe beaucoup la vie des gens. Et pourtant, c’est l'une des meilleures choses qu’Israël n'ait jamais inventé.

Les Milouim sont une chose très saine d'un point de vue social et psychologique. Un commandant peut être un étudiant de 25 ans donnant des ordres à un professeur âgé de 39 ans (qui peut d'ailleurs être son professeur). Un chauffeur de taxi peut aller réveiller le PDG d'une entreprise de plusieurs millions de dollars à trois heures du matin pour lui passer la garde. Il peut arriver qu'un employé soit dans la situation de dire à son patron d'aller faire la vaisselle ou de nettoyer la salle de bains. J'ai vu cette situation se produire plusieurs fois et c'est toujours dans un bon esprit de camaraderie. Les Milouim rassemblent des gens de tous types de milieux et de catégorie sociale différents. Que vous soyez éthiopiens, russe, français, ou israélien de troisième génération et que vous soyez un gros bonnet ou ayant du mal à joindre les deux bouts, vous dormez dans la même tente qui fuit, vous mangez la même nourriture insipide et accomplissez les mêmes tâches ingrates. Les gens s'appellent entre eux « frères » ce qu'ils font rarement dans la vie quotidienne. Même les grades de l'armée n'ont plus d'importance : l'armée israélienne est l'incarnation de l’informalité et de la simplicité d'Israël ainsi que de l'improvisation, la critique constante et la Chutzpah (le culot).

Non seulement le système de Milouim efface le statut social pour quelques jours ou quelques semaines, c’est également un système extrêmement efficace de création de réseaux. Il fonctionne vraiment comme un club d'anciens. Chaque année le même groupe de vieux copains se réunit pour quelques semaines (ils n’ont pas vraiment le choix). Cette « réunion » regroupe des avocats, des ingénieurs, des commerciaux, des comptables qui ont beaucoup de temps pour parler, que ce soit dans leur tente, à table ou pendant qu'ils patrouillent les frontières en jeep. De nombreux contrats commerciaux et partenariats d'entreprises sont faits dans le cadre du Milouim.

Malgré toutes leurs plaintes sur la nourriture, les douches froides et la désorganisation constante, la plupart des gens aiment réellement les Milouim. Ce sont des sortes de vacances où ils conduisent des Jeeps américaines WW2 sur des dunes de sable, et n’ont plus à traiter avec des clients ennuyeux ou des patrons abusifs (à condition qu’ils ferment leurs portables). Si la guerre devait éclater, cette atmosphère de camp d'été serait immédiatement remplacée par le sérieux, la combativité et le sacrifice. L'armée israélienne a non seulement préservé la sécurité d'Israël en gagnant les guerres depuis l'indépendance, elle a aussi apporté et continue d'apporter une contribution irremplaçable à la cohésion de la société israélienne.

Pour un immigrant comme moi, l'armée est la meilleure manière (peut-être l'unique) pour devenir israélien. Je n'aurais jamais pu comprendre mon pays d'adoption et mes concitoyens sans mon service militaire. Je suis à jamais reconnaissant à l'armée israélienne non seulement pour savoir préserver ma sécurité mais surtout pour me donner la sensation d’être ici « à la maison ». En dépit de ces corvées et de ces tours de garde inutiles au milieu de la nuit, de ces nuits glaciales dans le Golan ou de ces journées caniculaires dans le désert, les Milouim vont me manquer. Qui sait, je pourrais même être assez fou pour me porter volontaire pour continuer.


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